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| Sujet: Quand les patrons arrosent des syndicats Lun 14 Oct - 15:27 | |
| A qui était destinés les fonds de la Caisse noire de l'Union des industries et métiers de la métallurgie? Jusque là réticent à "balancer", Denis Gautier-Dauvagnace, l'ancien patron de l'UIMM a confirmé lundi 14 octobre au tribunal correctionnel de Paris les révélations d'Arnaud Leenhardt faites mercredi dernier : oui des syndicats de salariés étaient bien les bénéficiaires des enveloppes d'argent liquide de la puissante fédération patronale de la métallurgie. La justice s'interroge dans ce procès sur la destination de quelques 16 millions d'euros retirés en liquide entre 2000 et 2007 des caisses de l'Entraide professionnelle des industries et des métaux (Epim), une structure de l'UIMM destinée à apporter "un appui moral et matériel" à ses adhérents subissant un conflit du travail. Le scandale, qui a éclaté en 2007, a révélé un circuit de financement opaque des syndicats. Interrogé une nouvelle fois lundi en début d'audience sur les destinataires de ces fonds, Denis Gautier-Sauvagnac est revenu sur ses précédentes déclarations en désignant les bénéficiaires au tribunal. "En réalité, je reconnais que je n'ai pas été assez clair jusqu'à présent et je confirme ici les propos d'Arnaud Leenhardt", a-t-il déclaré. Cité comme témoin par l'UIMM, Arnaud Leenhardt, ancien-président de la fédération de la métallurgie, pendant 14 années entre 1985 et 1999, avait embauché Denis Gautier-Sauvagnac, l'ex-vice-président-secrétaire général et principal prévenu du dossier. M. Leenhardt avait rapporté à la cour les confidences de son prédécesseur Pierre Guillen, aujourd'hui décédé. Il avait affirmé mercredi dernier que les bénéficiaires des enveloppes d'argent liquide étaient "les cinq syndicats représentatifs", CFDT, CFE-CGC, FO,CFDT et confédération CFDT.
"Une forme d'appui à des organisations de salariés"
Denis Gautier-Sauvagnac qui s'était jusqu'alors toujours refusé à se prononcer sur ce sujet a acquiescé aujourd'hui: "Ce sont bien les syndicats, comme il l'a dit". "Ces contributions étaient une forme d'appui que depuis des décennies l'UIMM apportait à des organisations de salariés et patronale", a-t-il ajouté. Denis Gautier-Sauvagnac a précisé que ces aides se présentaient sous deux formes. La première, sous forme de chèques, "concernait des achats d'espaces publicitaires à prix d'or ou des locations de stands, également à prix d'or, ou encore par l'achat de journaux syndicaux", a énuméré l'ancien patron en précisant qu'il s'agissait là en réalité "d'une façon d'habiller les contributions" de sa fédération. "Mais, cela n'était pas suffisant, c'était un prétexte qui avait ses limites", a-t-il poursuivi en expliquant que le reste des aides étaient données "en liquide" de façon "plus discrète". Interrogé sur le nom de ses interlocuteurs, M. Gautier-Sauvagnac a réaffirmé qu'il ne souhaitait pas "trahir leur confiance". "Ce n'est conforme ni à mes convictions, ni à mes valeurs. Je suis coincé. Je ne peux pas aller plus loin", a-t-il estimé. L'ex-homme fort du patronat a affirmé qu'il n'y avait "aucune complaisance" de la part des syndicats lorsqu'il a été interrogé sur l'existence d'éventuelles compensations en échange de l'argent versé. "C'était en quelque sorte une forme d'abonnement. Mon prédécesseur m'avait indiqué les montants qu'il fallait verser et je m'y suis tenu", a-t-il expliqué, en racontant qu'un des bénéficiaires lui avait même dit un jour: "vous êtes plus radin que votre prédécesseur". Le procès des caisses noires de l'UIMM qui a débuté il y a une semaine doit se terminer le 22 octobre prochain.
Source : L'Expansion | |
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