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| Sujet: Le déclin des patrons autodidactes Lun 22 Avr - 19:06 | |
| Un mythe persistant fait les beaux jours des tables rondes qui célèbrent les mérites des dirigeants de PME : il n'y a nul besoin d'une qualification scolaire trop poussée pour réussir dans les affaires. Mieux : un séjour trop prolongé à l'école ou à l'université, par l'aversion au risque qu'il produirait, serait un obstacle au goût d'entreprendre.
Or, un examen des données sur la dernière décennie nous enseigne qu'en dépit de leur présence majoritaire dans les tranches d'âge les plus élevées de la population active (45 % d'entre eux ont plus de 50 ans en 2006, selon OSEO), les dirigeants de PME sont de moins en moins autodidactes ou peu diplômés : 66 % des dirigeants de moyenne entreprise (50 à 249 salariés) et encore 39 % des dirigeants de micro-entreprise (3-9 salariés) sont diplômés de l'enseignement supérieur.
C'est ce que confirme une étude publiée par Ariane Compétences & Management (Qui sont vraiment les dirigeants des PME ? éd. EMS, 191 pages, 15 euros), à partir d'une enquête auprès de 483 dirigeants de PME au printemps 2012.
DISPARITÉS SELON LA TAILLE ET LE SECTEUR
Parmi les dirigeants de PME, pour la plupart indépendantes, les détenteurs de CAP-BEP ne représentent plus que 10 % dans les petites entreprises (moins de 50 salariés) et 4 % à 5 % dans les entreprises de 50 à 240 salariés. Ces chiffres moyens cachent certes des disparités selon la taille et le secteur des entreprises.
Mais le flux de créations d'entreprises par des diplômés est de plus en plus abondant : en 2010, comme le montre l'Enquête SINE de l'Insee, 40 % des créateurs hommes étaient diplômés de l'enseignement supérieur (hors auto-entrepreneurs), contre à peine 30 % en 2002.
Même dans l'artisanat, réputé privilégier les qualifications ouvrières et de métier, la part des diplômés de l'enseignement supérieur parmi les créateurs d'entreprise atteint 15 % en moyenne en 2006 (Qui sont les nouveaux entrepreneurs de l'artisanat ? Institut supérieur de métiers, 2009).
Selon l'Insee, "toutes choses égales par ailleurs [âge, localisation, secteur d'activité...], une entreprise créée par une personne diplômée d'un troisième cycle universitaire a deux fois plus de chances d'être pérenne que celle d'un non-diplômé" (Insee Première n° 1441, avril 2013).
Mais ici, les formations technologiques ou professionnelles font la différence, puisque l'entreprise créée par un bachelier technologique ou professionnel a 1,3 fois plus de chances de perdurer que celle d'un bachelier généraliste.
TROIS CATÉGORIES DE MOTIVATION
Si la détention de diplômes n'est donc pas incompatible avec la volonté d'entreprendre et la réussite d'un projet entrepreneurial, elle influence en revanche la motivation pour le mener à bien, sa nature et les moyens qui lui sont consacrés.
Une publication récente du Centre d'analyse stratégique (Note d'analyse du CAS n° 297, octobre 2012) classe les créateurs d'entreprise en trois catégories de motivation : "l'adaptation" (face à une situation de chômage ou de perte d'emploi) ; "l'opportunité" (offerte par l'environnement, familial ou professionnel) ; "la vocation" (l'aboutissement d'un projet longuement mûri).
Dans la première catégorie, les non-diplômés et les activités commerciales sont surreprésentés, les investissements sont peu élevés au départ et mobilisent surtout des ressources personnelles.
Dans la troisième, près de la moitié des créateurs d'entreprise sont diplômés d'un troisième cycle ou d'une grande école, investissent des montants plus élevés en s'appuyant sur des emprunts bancaires et cherchent à sécuriser leur activité en entreprenant dans des secteurs proches du métier qu'ils ont déjà exercé.
Tout comme le mythe du créateur d'entreprise autodidacte, celui de la "prise de risque" que représente la création est très relatif, et appelle tout au moins des études plus approfondies.
Source : Le Monde | |
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