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| Sujet: Fraude aux péages: Vinci met Geodis au pied du mur Sam 16 Nov - 10:44 | |
| Il y a aussi une fraude aux péages organisée, proche de l’escroquerie, mise en place par les chauffeurs routiers. Et cette fois-ci, le manque à gagner pèse bien plus lourd que le "petit train" du simple automobiliste: 20 millions d’euros de perdus chaque année pour Vinci Autoroutes ! Un responsable du géant français du péage raconte: "Ils ont deux façons de faire: ils falsifient des moyens de paiement ou, plus souvent, montent des astuces pour tromper le système."
Il s’est mis en place une sorte de marché noir des tickets de péage chez les routiers qui se retrouvent sur des aires d’autoroute pour se les échanger. Autre combine: ils prennent deux tickets d’un coup à l’entrée afin de faire croire à des trajets retour beaucoup plus courts que leur parcours réel. Le dirigeant de Vinci précise: "Il s’agit de véritables délits, plus sophistiqués et soumis au droit pénal." Là encore, le groupe concessionnaire a décidé de sortir de l’omerta qui régnait jusqu’à présent et de prendre le taureau par les cornes.
Une équipe de 30 limiers va traquer ces gros fraudeurs
Pour lutter contre ces trafiquants, Vinci est en train de monter une équipe d’une trentaine de fins limiers chargés de réunir des preuves pour constituer un dossier béton et saisir la justice. Qui prend le relais: instruction, commissions rogatoires, opérations ciblées, flagrants délits…
Des opérations de PJ dignes de la lutte contre le grand banditisme! Depuis 2010, Vinci Autoroutes a intenté des dizaines de procès. Sauf qu’ici les escrocs ne sont pas des Capone. Vinci le reconnaît: "Les mis en cause sont les chauffeurs de camions. Mais les véritables coupables sont les sociétés qui les emploient."
Des sociétés étrangères aux camionneurs souvent issus des pays de l’Est. Il s’explique: "Leur méthode de rétribution de leurs conducteurs est un véritable pousse-au-crime. Carburant et péage sont déduits de leur rémunération! Alors forcément, ceux qu’on appelle ‘le quart monde de la route’ resquillent autant qu’ils peuvent!"
Mis en cause, Geodis jure qu'il n'y est pour rien
Depuis un an, Vinci Autoroutes a donc décidé de s’en prendre aux sociétés de transport elles-mêmes. Dans sa ligne de mire, en particulier, Geodis, le géant français du transport. Car sa filiale espagnole, Giraud Iberica, fait partie des principaux fraudeurs: "A elle seule, elle pèse plus de trois millions d’euros de fraude annuelle! Nous en sommes déjà à quatorze procédures judiciaires!"
Pierre Coppey, le patron de Vinci Autoroutes a bien écrit un courrier à Geodis en septembre 2012 pour lui demander de "modifier le système de rémunération aujourd’hui incitatif à la fraude." Mais, pour l’instant, Geodis refuse de changer les choses. Mieux, l’entreprise nie son implication.
Les juges rejettent la thèse de la bonne foi
Mais voilà. Le 4 juin 2013, suite à la condamnation d’un camionneur de Giraud Iberica a 11.000 euros de préjudice, huit mois de prison avec sursis et confiscation du véhicule, la cour d’appel de Montpellier a émis ce jugement implacable: "La société Giraud Iberica n’apporte aucun élément pour justifier de sa bonne foi et notamment de son absence de connaissance du lien entre l’utilisation du véhicules et les infractions."
La cour notait encore: "Les conditions de rémunération du prévenu et l’insistance de Giraud Iberica lors de la garde à vue, à vouloir s’acquitter des sommes fraudées par le prévenu, suffisent à établir qu’elle ne pouvait ignorer la fraude." Pour mémoire, Geodis est une filiale de la SNCF.
Source : Challenges | |
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