SUD Autoroutes
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
SUD Autoroutes

Forum / Base de données de l'union syndicale SUD Autoroutes
 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment : -20%
Pack Gigabyte Ecran PC Gamer 27″ LED M27Q ...
Voir le deal
749 €

 

 Humiliations et toilettes dégueu : vis ma (sale) vie d'employée à l'Autogrill de l'A7

Aller en bas 
AuteurMessage
Admin
Admin



Messages : 338
Date d'inscription : 20/04/2013

Humiliations et toilettes dégueu : vis ma (sale) vie d'employée à l'Autogrill de l'A7 Empty
MessageSujet: Humiliations et toilettes dégueu : vis ma (sale) vie d'employée à l'Autogrill de l'A7   Humiliations et toilettes dégueu : vis ma (sale) vie d'employée à l'Autogrill de l'A7 EmptyVen 19 Juil - 17:44

À Montélimar, c'est un peu un rite de passage : durant l'été, tous les jeunes vont bosser à l'Autogrill de l'autoroute A7, le plus grand de France.

Moi, j'ai commencé pour avoir de l'argent de poche à 16 ans. Je touchais 800 à 900 euros par mois pour sept heures de travail par jour. J'ai continué jusqu'à mes 22 ans, en 2008, pour payer mes études...

À l'Autogrill, personne n'a véritablement de poste attribué. Notre titre, c'est "employé polyvalent". Ce qui permet d'être affecté à n'importe quel endroit : caisse, plonge, salle, boutique (où l'on vend beaucoup de nougats), bar ou entretien. On travaille à la chaîne : c'est le fordisme appliqué à la restauration. Le débit de clients est dingue, et les jours où Bison futé prévoit un week-end rouge ou noir, on sait qu'on va s'en prendre plein la gueule.

La bête humaine

Quand j'étais à la cafétéria, je devais débarrasser les plateaux. Le plus vite possible. Sinon des clients les mettaient en pile pour avoir de la place en les accumulant comme un château de cartes. Elle finissait par s'écrouler et les clients se plaignaient.

On rangeait les plateaux sur des étagères roulantes, des "échelles", qu'on apportait ensuite à un collègue à la plonge. La direction n'y affectait pas de saisonnières, parce que les conditions de travail étaient très rudes. Ils avaient peut-être peur qu'il y en ait une qui fasse un malaise...

La plonge, c'est une grosse machine fumante qui avale la vaisselle sur un tapie roulant. Il faisait au moins 40 degré dans la pièce, le sol était trempé et, comme je portais des lunettes, à chaque fois que j'y entrais, j'avais de la buée sur les verres.

Avant de passer la vaisselle au collègue, il fallait vider les plateaux dans une espèce de poubelle énorme, qui ressemblait plus aux bacs à ordures d'un immeuble qu'à une poubelle. Une fois pleine, il fallait sortir le sac pour l'amener dans une benne. Seulement, avec mon mètre soixante et mes 45 kilos, impossible de soulever le sac, donc j'avais mis au point une technique : je renversais la poubelle, puis je me tortillais en tirant pour le faire sortir. Tout ça en pataugeant dans l'eau.

Avant de repartir dans la cafétéria, il fallait prendre la vaisselle propre et bouillante que la grosse machine de plonge recrachait. On amenait couverts, verres et assiettes en salle et on devait les disposer sur un plateau ; on ne se contentait pas de poser les bacs de machine à laver, ni de caser les verres dans des rampes pour qu'ils tombent tout seul, ce n'était pas comme à la cantine.

"Votre boulot est inutile, ça me fait marrer"

Un beau jour, alors que j'étais à fond dans cette boucle infernale, je vois un mec qui saisit plusieurs verres. Je me dis que les personnes avec qui il doit être ont simplement oublié d'en prendre.

Puis, je reviens, et je me rends compte que tous les verres ont été déplacés. Donc je les remets là où ils doivent être. Je repars, et quand je retourne dans la cafétéria, je comprends qu'il les change de place au fur et à mesure que je les apporte. Lui me regarde avec un grand sourire. Je lui lance : "Çavous amuse de faire ça ?", et il me répond : "Oh bah oui, je trouve votre boulot inutile, ça me fait marrer".

J'ai tout laissé en plan et je suis partie, sinon je crois que j'allais lui faire bouffer les verres.

La BCBG bronzée aux UV

Ce n'était pas horrible avec tous les clients non plus. Certains venaient nous voir pour nous filer des pourboires quand ils voyaient qu'on était un peu trop dépassé. Mais, c'est vrai qu'on avait de sacrés numéros...

Comme j'étais un peu jeune et pas trop grande gueule, mon supérieur m'a demandé un jour d'aller nettoyer les toilettes. La femme de ménage était partie en claquant la porte et les WC étaient restés sans personne pour les laver pendant deux heures. Seulement deux heures, mais c'était un désastre, il y avait des traces d'urine partout par terre. Quand j'ai vu ça, je me suis dit que je passais vraiment pour la bonne poire.

J'ai ravalé ma fierté et j'ai commencé à nettoyer les toilettes des femmes (les pires) en mettant une barrière devant la porte. Les gens n'en avaient rien à faire et continuaient à passer. Ils salissaient tout le sol et me lançaient avec un grand sourire : "Ah désolé, vous étiez en train de nettoyer". J'avais envie de leur répondre : "Non je joue aux cartes !".

Mais même en s'excusant, ça ne les empêchait pas d'aller faire leurs besoins.

Au bout de la cinquième, j'ai dit : "Non, mais vous voyez bien que je suis en train de laver le sol, vous venez d'enjamber la barrière". La femme est quand même allée aux toilettes.

J'avais quasiment fini, je venais de vider les poubelles et j'ai lâché un soupir. Au même moment une femme, du style BCBG bronzée aux UV, est entrée et elle m'a dit : "Bah oui, il fallait faire des études". Je lui ai répondu : "C'est pour payer mes études que je fais ça !".

Des batailles d'eau après le service

Mais je m'en suis voulu de lui avoir dit ça. Je n'avais pas à me justifier. En pensant à mes collègues, que j'adorais, et qui travaillaient ici toute l'année, je me suis vraiment sentie mal.

Il y avait une très bonne atmosphère entre nous. Je me souviens de batailles d'eau après le service dans la salle, qui se terminaient sur la terrasse. Il devait y avoir 200 jeunes l'été, c'était un peu la colo, les vacances en moins.

Source : Le Nouvel Obs
Revenir en haut Aller en bas
http://www.sud-asf-brive.com
 
Humiliations et toilettes dégueu : vis ma (sale) vie d'employée à l'Autogrill de l'A7
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
SUD Autoroutes :: SUD Autoroutes :: Libre expression-
Sauter vers: