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Messages : 338 Date d'inscription : 20/04/2013
| Sujet: Travailleurs low cost : à qui la faute ? Lun 25 Nov - 16:52 | |
| Ils sont, nous dit-on, plus d’un million et demi à l’intérieur de l’Union européenne, et quelque 300.000 pour la seule France, roumains, bulgares, polonais, croates, albanais, employés dans le bâtiment, l’industrie, le transport routier, l’agro-alimentaire, l’agriculture, ces travailleurs « low cost » venus de l’Est qui réduisent au chômage un nombre équivalent de salariés autochtones auxquels ils font une concurrence déloyale. Ces malheureux échangent en effet leur force de travail contre des conditions d’hébergement déshonorantes et des rémunérations dérisoires. Et pourtant, victimes plus que coupables, comment ne pas comprendre qu’ils préfèrent, quand ils ont le choix, des salaires de misère à une misère sans salaire ?
Et comment ne pas comprendre les raisons de ces entrepreneurs, grands ou petits, de ces industriels, de ces artisans, de ces agriculteurs, qui, n’y voyant pas plus loin que le bout de leurs intérêts, de leurs bénéfices et de leur survie à court terme, recrutent et emploient ces salariés au rabais ? La loi impitoyable du libéralisme les contraint à se faire complices de ce dumping social. Dans cette jungle qu’est devenue l’Europe, il faut, n’est-ce pas, être compétitif ou mourir.
La faute première revient en apparence à ces technocrates apatrides, puisque supranationaux, qui, à Bruxelles, en vertu de la logique qui leur est propre ou sous des pressions plus ou moins avouables ont pondu l’exorbitante directive « détachement ». Celle-ci permet aux employeurs français ou allemands de s’aligner sur le régime de charges sociales du pays d’où sont originaires leurs employés. D’où un coût du travail inférieur, selon les uns, de 30 à 40 %, à celui des salariés nationaux, voire, si l’on en croit Benoît Hamon, ministre de l’Économie sociale et solidaire, deux ou trois fois moindre.
Les vrais coupables, les véritables criminels sont les gouvernements successifs qui, abandonnant lambeau par lambeau la souveraineté nationale, ont sacrifié l’intérêt de leurs mandants sur l’autel de l’Union européenne, au prix du massacre de l’emploi de leurs électeurs et concitoyens et ont entériné par ignorance, par indifférence ou par faiblesse les néfastes directives élaborées par de hauts fonctionnaires sans légitimité.
S’alarmant, mais un peu tard, des conséquences de ces renoncements, en matière économique, en matière sociale, et surtout en matière politique, François Hollande brandit soudain des foudres de carton, comme jadis sur la scène des théâtres. Une « liste noire » des entreprises fautives va être dressée. Le contrôle des conditions de travail des salariés détachés va être renforcé. Le gouvernement va mener la bataille de la négociation au sein de l’Union, à la façon dont Grouchy est intervenu sur le terrain à Waterloo, et comme François Hollande a déjà renégocié le traité européen accepté par Nicolas Sarkozy. Autant de cautères sur une jambe de bois, du même bois que la langue de Benoît Hamon lorsque celui-ci déclare que « la France se donne les moyens d’obtenir des résultats ».
Tout cela se paiera en mai prochain, lors des élections européennes, et ce sera justice.
Article de Dominique Jamet | |
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